[Podcast Ép. 39] Billet 🔊 : L’Ă©galitĂ© n’est pas un luxe

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Quelques jours après une nouvelle dĂ©route Ă©lectorale pour le parti prĂ©sidentiel et un scrutin marquĂ© par un record historique d’abstention, l’occasion Ă©tait trop belle pour Emmanuel Macron de reprendre la main.

 

 

L’occasion lui en a Ă©tĂ© donnĂ©e avec le Forum GĂ©nĂ©ration ÉgalitĂ©, une rencontre internationale sous l’égide de l’ONU, organisĂ©e Ă  Paris et sur Internet, consacrĂ©e aux droits des femmes Ă  travers le monde. Une nouvelle fois, le chef de l’État s’y est prĂ©sentĂ© comme un rempart contre les conservateurs et les populistes d’extrĂŞme droite au pouvoir dans le monde et aussi dans l’Union europĂ©enne qui multiplient les atteintes aux droits fondamentaux des femmes, les maintiennent dans un sous-statut, les rĂ©duisent Ă  l’extrĂŞme pauvretĂ©.

C’est clair, la France n’est ni le BrĂ©sil de Bolsonaro, ni la Pologne de Mateusz Morawiecki qui a dĂ©fendu une dĂ©cision de justice synonyme d’interdiction quasi totale de l’avortement. La France n’est pas non plus la Hongrie de Viktor Orban qui a fait voter au Parlement une loi visant Ă  interdire les programmes Ă©ducatifs, publicitĂ©s, livres ou sĂ©ries dans lesquels l’homosexualitĂ© est Ă©voquĂ©e. Mais s’il parle haut dans les sommets pour dorer son bilan, Emmanuel Macron est loin d’avoir fait avancer notre pays en matière de droits des femmes, d’Ă©galitĂ© salariale ou dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Chaque nouveau fĂ©minicide nous rappelle ainsi cruellement la faillite des services de l’État dans la protection des femmes.

Et pour ce qui concerne les violences et les agressions subies Ă  l’entreprise par les travailleuses, la ratification a minima par la France de la convention de l’Organisation internationale du travail contre les violences et le harcèlement dans le monde du travail est un signal bien faible. Le gouvernement a en effet refusĂ© d’intĂ©grer les prĂ©conisations de l’OIT et de faire Ă©voluer l’arsenal lĂ©gislatif permettant de lutter efficacement contre ces violences subies par une femme sur trois au travail.

Des violences que 70 % des victimes  dĂ©clarent n’avoir jamais rĂ©vĂ©lĂ© Ă  leur employeur. Lesquels la plupart du temps n’ont aucun plan de prĂ©vention pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Pire, si les victimes se taisent c’est parce que dans 40 % des cas la situation se règle en dĂ©faveur des victimes, par une mobilitĂ© forcĂ©e, voire un licenciement. Ajoutons Ă  cela que la loi Travail a supprimĂ© les CHSCT et les DP pour les fondre dans les CSE Ă©loignant ainsi les reprĂ©sentants en proximitĂ© des salariĂ©.es. Ainsi, les signaux Ă  bas bruits des violences, du harcèlement sexiste et sexuel ont d’autant moins de chance d’ĂŞtre entendus et traitĂ©s. Cette disparition des CHSCT est dĂ©sormais Ă  l’agenda de toute la fonction publique qui n’est Ă©videmment pas Ă©pargnĂ©e par les violences sexistes et sexuelles au travail.

« La pandémie a agi comme un révélateur des inégalités femmes-hommes et a généré, dans certains cas, un véritable recul des droits des femmes. » a alerté la délégation aux droits des Femmes et à l’égalité du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui a présenté, le 23 mars, un avis sur la crise sanitaire et les inégalités de genre. Destructions d’emplois, violences intrafamiliales, burn-out domestique et parental, perte massive d’emplois, risques psychosociaux ont particulièrement été subis par les femmes surreprésentées dans les emplois précaires et certains secteurs touchés par les restrictions. Y compris sur des sujets considérés -à tort- comme consensuels, comme le télétravail, présenté comme un privilège protégeant les cadres des risques sanitaires. Le télétravail est aussi un révélateur de profondes inégalités au sein du foyer.

LĂ  encore, les atermoiements et les beaux discours macronistes ou patronaux n’ont pas Ă©tĂ© suivis des effets attendus par les millions de travailleuses de la première ou de la seconde ligne. Petites mains et chevilles ouvrières du « prendre soin », qualifiĂ©es ou pas, elles continuent d’ĂŞtre mal payĂ©es, pas reconnues dans leurs rĂ´les sociaux et Ă©conomiques. Quant aux plus qualifiĂ©es, selon les dernières donnĂ©es de l’Insee-2018, le salaire minimum des 10 % des femmes les mieux rĂ©munĂ©rĂ©es est infĂ©rieur de 19 % Ă  celui des hommes (soit 3 314 euros pour les femmes contre 4 107 euros pour les hommes). Chez les cadres supĂ©rieur.e.s, donc parmi les salaires les plus Ă©levĂ©s : les femmes cadres gagnent 18 % de moins que les hommes cadres.

Dans son avis, voté notamment par la CGT, le Cese développait le concept « d’éga-conditionnalité », proposant notamment que l’argent public et en particulier les milliards du plan de relance doit servir à corriger les inégalités. Ainsi, le plan de relance devrait intégrer une analyse genrée. Et il concluait : « l’égalité n’est pas un « luxe » en temps de crise, mais le gage d’une réponse pertinente ».

 

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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