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Pour la première fois une génération s’apprête à vivre moins bien que ses parents. Pour la première fois, le pourcentage de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur recule. Aujourd’hui, ils doivent attendre en moyenne l’âge de 27 ans pour accéder à un emploi stable et 22,5 % des moins de 25 ans sont au chômage.
Loin de se limiter à la jeunesse, ce déclassement n’est pas temporaire car le salaire et la nature du premier contrat de travail déterminent l’ensemble du parcours professionnel. La précarité des jeunes a ainsi pour conséquence à terme la précarisation de l’ensemble des salariés. Il s’agit bien d’une question de choix de société.
Aggravé par la crise, le problème de l’emploi des jeunes a fait l’objet de nombreuses mesures fondées sur deux principes : des incitations par des exonérations de cotisations sociales et des contrats spécifiques. Ces dispositifs se sont avérés aussi coûteux qu’inefficaces : les exonérations ont suscité des effets d’aubaines, des trappes à bas salaire et creusé le déficit de la protection sociale ; les contrats spécifiques ne donnent pas accès à un emploi stable.
Le chômage des jeunes n’est pas une fatalité, au contraire, faire le pari de la jeunesse, c’est renouer avec le progrès social, la croissance, le financement de la protection sociale et se donner les moyens de sortir de la crise.
Nous appelons les candidats à l’élection présidentielle à élaborer une loi cadre pour l’emploi des jeunes, visant à élever le niveau de qualification et à garantir l’accès à un emploi stable.
Cette loi devra agir sur 3 leviers :
Protéger
Alors que le temps d’accès à un emploi stable ne cesse de s’allonger, les jeunes en insertion ne disposent d’aucune protection et sont exclus du RSA, de l’assurance chômage, comme des maigres aides accordées aux étudiants. Ils sont pourtant des demandeurs d’emplois comme les autres et doivent donc bénéficier de la couverture chômage durant la recherche de leur premier emploi, et d’un suivi individualisé. Pour cela, les moyens de l’APEC devront être sensiblement augmentés.
Il faut faire cesser l’hypocrisie du système de protection sociale : on ne peut demander à la fois aux jeunes d’élever leur niveau de qualification, et exiger 42 annuités de cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Les années d’études contribuent directement à la productivité du salarié. Elles doivent être prises en compte dans le calcul de la retraite.
Stabiliser
Aujourd’hui seuls 36% des jeunes diplômés bénéficient d’un CDI pour leur premier emploi. Il s’agit très clairement d’inverser la logique et de faire de cette exception la règle. Pour cela, il faut d’abord combler un vide juridique majeur et réglementer les stages dont l’utilisation abusive neutralise près de 100 000 emplois. L’objectif doit également être de contraindre les entreprises à recruter la plupart de ceux qu’elles auront formés ou qu’elles accueillent en apprentissage.
Il est aussi temps de substituer aux exonérations de cotisations une modulation des cotisations sociales et de la fiscalité en fonction du niveau de recrutement de jeunes en CDI, du maintien de seniors dans l’emploi et du niveau de bénéfice redistribué aux salariés. Il s’agit de faire de l’imposition un véritable levier économique au service du développement des qualifications.
L’Etat doit aussi être exemplaire et titulariser ses 870 000 contractuels dans le prolongement de l’accord obtenu par les syndicats. La fonction publique constitue un levier de création d’emplois, et qui plus est, au service de l’intérêt général : remplacer tous les départs en retraite permettrait d’embaucher plus de 60 000 personnes chaque année.
Reconnaître
Mieux formés, les jeunes sont pourtant moins bien payés que leurs aînés. Or pour tenir notre place dans le monde, il nous faut miser sur l’emploi qualifié. Nous proposons la tenue d’un « Grenelle des qualifications » permettant, sur la base de minima interprofessionnels, actés par la loi au niveau licence /master/doctorat, de définir le salaire à l’embauche, non plus en fonction du type de poste occupé, mais du niveau de la qualification. Pour lutter contre les discriminations à l’embauche et dans le déroulement de carrière, nous proposons que la loi fasse obligation à chaque entreprise de conclure des négociations sur les discriminations et de publier un bilan annuel.
Contestée massivement lors de la mobilisation contre le CPE, invalidée dans ses résultats, la politique d’emploi des jeunes doit changer : les jeunes exigent l’égalité et le droit commun. L’état des lieux est clair, des propositions sont sur la table, nous appelons les candidats à l’élection présidentielle à s’en emparer pour changer de paradigme et répondre enfin au défi de l’emploi des jeunes.