Pour en savoir plus
Pourtant, à regarder de près leur place dans les processus de travail, ils possèdent de nombreux points communs avec les techniciens : un investissement professionnel important, un fort taux de responsabilité individuelle, une autonomie de décisions, une part importante de conception (création) de leurs contenus de travail (élaboration des projets pédagogiques ou d’accompagnement social ou éducatif, évaluation des projets mis en place et réajustement des techniques et outils mis en place… ).
D’ailleurs, ils ne s’y trompent pas quand ils évoquent le manque de reconnaissance de leurs professions et revendiquent l’inscription de leurs diplômes professionnels au niveau licence (BAC+3) dans le processus LMD, ainsi qu’une revalorisation salariale et des grilles.
Les travailleurs sociaux invoque comme principal élément le contexte de leur exercice professionnel : « Nous travaillons sur le relationnel, avec des êtres humains », comme si cela empêchait de développer des « techniques ». Pourtant hautement qualifiés, ils développent des savoir-faire, des savoir-être spécifiques. Leurs outils ne sont pas rangés dans une caisse mais dans leur boîte….crânienne ! Toujours en interrogations, en recherche, dans l’innovation, ils développent des qualités d’adaptation et d’analyses rares.
Leur travail, quasi invisible, n’est pas mesurable. Pourtant que d’imagination, de savoir-faire, d’écoute de l’autre, de trésor de patience, il leur faut déployer au quotidien pour accompagner tel enfant en situation de handicap, tel jeune en refus scolaire, telle famille laissée sur le bord de la route….
Le débat essentiel sur le sens de la technicité témoigne du décalage entre nos aspirations, nos attentes, nos revendications (reconnaissance, salaire, formation… ) et la conscience de notre place dans le travail, et au-delà la place du travail social dans la société. Alors que dans nos professions, persiste le refus de se considérer comme des « techniciens », pour les employeurs, les travailleurs sociaux sont hautement qualifiés, et à ce titre ils « coûtent » chers.
Nous pourrions prendre pour nous l’attaque, sans précédent, du Président de la République contre les enseignants de l’école maternelle : « il n’y a pas besoin d’avoir une licence pour changer des couches ».
De la même manière, nous voyons arriver dans le champ du social, une déqualification massive des emplois avec glissements de tâches et emploi de personnel moins qualifiés…
Et lorsque les employeurs reconnaissent cette qualification « haute », c’est pour mieux l’exploiter en nous confiant la « conception » théorique du travail social, en nous donnant toujours plus de responsabilités et en nous demandant d’encadrer des équipes d’auxiliaires médico-éducatives, de « maîtresses » de maison, de divers « faisant-fonction », d’intervenants en travail social…D’ailleurs, les employeurs révisent les conventions collectives de la branche sociale et médico-sociale, en introduisant des « nouveaux métiers » (au niveau BEP ou BAC) et diverses mesures pour « faire baisser le coût du travail ».
Le temps de la mobilisation pour les travailleurs sociaux ne serait-il pas revenu afin de redonner « ses lettres de noblesse » au travail social, de renouer avec le sens de nos professions, de réaffirmer notre éthique professionnelle et les valeurs dont nous sommes porteurs :
– l’humain n’est pas une marchandise
– le travail social n’est pas un coût, mais un investissement pour la société de demain.
L’Animatrice du collectif socio-éducatif de l’UFMICT