PROFESSION : INGÉNIEUR

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PROFESSION : INGÉNIEUR
POUR LE PLEIN EXERCICE DE NOTRE MÉTIER
POUR UN NOUVEAU RÔLE CONTRIBUTIF

Les métiers d’ingénieurs ont toujours été perçus comme motivants. Cependant les objectifs de compétition mondialisés selon la logique « compétitivité-coûts » ont profondément déstabilisé l’industrie qui constitue une des clés du redressement. A travers les projets qu’ils conduisent, les ingénieurs sont fortement sollicités par les bouleversements en cours. Leurs métiers sont des ressorts importants pour redonner du sens au travail en questionnant sa finalité.

La perte de sens nous affecte dans le secteur privé comme dans le public. Elle va de pair avec la dévalorisation de nos rémunérations, la dégradation de nos conditions de travail, l’affaiblissement ou la négation de notre rôle contributif, la non-reconnaissance de nos savoirs et savoir-faire spécifiques, et le développement de formes de précarisation. Cela nous déstabilise d’autant plus que les enjeux de notre époque appellent à une mise en œuvre massive de nos compétences.

L’ampleur des défis rend urgentes la nécessité d’une maîtrise sociale des enjeux scientifiques et techniques et l’intervention en amont du débat public (changement climatique, informatisation de toute la société, nanotechnologies, incertitudes de la mise en œuvre actuelle de technologies comme le nucléaire et les OGM).

Les réseaux d’associations professionnelles structurent fortement la vie professionnelle des ingénieurs. Le corporatisme est fortement présent. Cela suffit-il à répondre aux défis d’aujourd’hui alors que les coopérations et la solidarité du collectif de travail sont plus que jamais nécessaires ?

L’objet de cette charte est de proposer aux ingénieurs des repères et des objectifs revendicatifs pour construire de nouveaux droits, garantis individuellement et collectivement, afin d’exercer pleinement notre métier et nos responsabilités sociales.

Une reconnaissance à défendre,

un métier à re-légitimer


salaires

Salaires et Carrières

Les diplômes des écoles d’ingénieurs sont systématiquement cotés, la rémunération d’embauche des jeunes sortis d’écoles en dépend et varie notablement selon les branches. La négociation individuelle de la rémunération d’embauche est pratiquement de règle. Des différences s’affirment entre ingénieur généraliste, ou techniquement spécialisé, entre carrières de management ou techniques. L’exercice de fonctions impliquant la mise en œuvre de la technicité est systématiquement sous valorisée. Les femmes ingénieures sont nettement minoritaires et souffrent particulièrement de ces inégalités. Cela conforte la nécessité d’inscrire les rémunérations des ingénieurs dans un système de garanties collectives minimales, solidaire des classifications des salariés.

L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

  • L’embauche systématique en CDI ou emploi statutaire dès le 1er poste.
  • Reconnaitre les diplômes et les formations, par une grille de salaire d’embauche avec des seuils correspondant aux différents niveaux de qualification. Pour un ingénieur sans expérience professionnelle, instauration d’un minimum de rémunération brute au recrutement fixé à 2 fois le SMIC CGT (1 700 € brut mensuel), soit 3 400 € brut mensuel (40 800 € brut annuel).
  • Assurer l’équité et la transparence pour faire échec à l’arbitraire, sous toutes ses formes, dans les évolutions de carrière avec un dispositif de recours où siègent les représentants du personnel.
  • Imposer l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. Interdire toute discrimination : sur le salaire, la reconnaissance des diplômes ou qualifications, l’accès aux fonctions, le déroulement de carrière, ou à tout autre élément constitutif des responsabilités professionnelles.
  • établir une grille de classification salariale qui traduise la progression de notre qualification.
  • Garantir, au titre du pouvoir d’achat, une évolution du salaire fixe annuel égale au minimum à l’évolution du montant du plafond de la Sécurité sociale.
  • L’intégration des années d’études dans le calcul des droits à la retraites.


formation

Formation

Devenir ingénieur exige des moyens pour permettre l’égalité d’accès à ce type de formation exigeant. Il faut des moyens pour revaloriser les sciences et techniques à l’école et combattre des préjugés sexistes insidieux, et l’image élitiste des métiers d’ingénieurs. L’inégalité sociale d’accès à ces formations qui ne peut généralement pas être «compensée» par un «job» étudiant doit être plus efficacement combattue. Donner les moyens aux salariés, et notamment aux techniciens, de devenir ingénieurs.

Le système des diplômes d’ingénieur contribue à la reconnaissance de la qualification d’ingénieur et constitue un pivot des grilles de rémunération des qualifications. Il doit être défendu et revalorisé pour garantir l’intérêt général, l’intérêt des ingénieurs et leur ouverture à la société, dans la définition et la qualité des formations. La Commission des Titres d’ingénieurs qui en assure la validation est une structure originale, à laquelle participent les organisations syndicales, patronales et les associations professionnelles, sous l’égide du Ministère de l’Enseignement supérieur.

L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

  • Permettre à tous les jeunes, filles et garçons, de choisir de devenir ingénieur.
  • Construire une véritable gestion prévisionnelle quantitative et qualitative de l’évolution des métieurs fondée sur l’évolution des besoins sociaux.
  • Faciliter l’insertion professionnelle lors de l’exercice d’un premier (ou nouvel) emploi en l’accompagnant de dispositions et/ou de formation.
  • Faire de la VAE un support de reconnaissance, un droit individuel opposable à l’employeur garanti par le statut/la convention collective. Ce droit doit s’appliquer dans le cadre de procédures collectives au sein des instances représentatives.
  • Consacrer au moins 10 % des heures travaillées à la formation professionnelle accessible sur le temps de travail.

     

    sante-travail

    Santé au travail

    Dévoyant notre aspiration à l’autonomie, le management actuel a favorisé notre isolement et des formes de mises en concurrence. La course sans fin à la performance a des conséquences sur notre santé physique et mentale. La pression générée par les rythmes, les objectifs à tenir, les restructurations permanentes, l’absence de marge d’expression et de libre arbitre, les mises au placard, constituent des facteurs de souffrance des managers et des managés. Ce phénomène se généralise avec des conséquences tragiques pour les salariés. L’éloignement des centres de décision, les directions insaisissables, l’absence d’interlocuteurs, le fait de nier les conflits ou de laisser perdurer les incompréhensions, participent au phénomène.

    L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

    • Orienter le rôle des ingénieurs vers la restauration du collectif de travail, lui-même tourné vers le partage de l’expérience et du sens.
    • Mettre en place des espaces de discussion professionnelle, permettant d’évoquer et de résoudre les difficultés rencontrées pour exercer un travail de qualité, respectant les règles de l’art de leur métier.
    • Recourir à un tiers (CHSCT ou autre institution représentative) en cas de conflit, permettant ainsi d’échapper à un face à face insoluble entre le cadre et sa hiérarchie.
    • Doter les CHSCT d’un pouvoir d’intervention renforcé en lien avec les organisations syndicales et les services de santé au travail, pour faire aménager les charges de travail dès lors qu’une présomption de stress apparaît.


      rythmes-travail

      Rythme de travail

      Bien souvent, nous travaillons plus de quarante heures par semaine. Ces dépassements horaires ne sont pas pris en compte dans notre salaire. La pression sur les rythmes, les délais de plus en plus courts et les objectifs de plus en plus ambitieux, conduisent les ingénieurs à faire toujours plus d’heures. La généralisation du forfait intensifie ce phénomène. Cela contribue à déprécier notre technicité, nos compétences et nos responsabilités.

       

      L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

      • Respecter l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle en encadrant les plages horaires de réunions et en limitant l’usage des TIC en dehors des heures collectives de travail.
      • Pour le télétravail : le respect ou l’amélioration par accord de branche ou d’entreprise, des dispositions contenues dans l’accord interprofessionnel du 19 juillet 2005 prévoyant en particulier la non exclusion des salariés « nomades ».
      • Alléger les charges de travail et les évaluer collectivement.
      • Décompter toutes les heures effectuées quel que soit le type de forfait pour récupération (ou éventuellement paiement) afin de respecter la durée légale du temps de travail et de préserver la santé de chacun.
      • Favoriser les dispositifs permettant la cessation progressive d’activité pour les séniors sans discrimination professionnelle.

       

      Négocier les objectifs et les

      moyens de la responsabilité


      rse

      Responsabilité Sociale

      Bien que les diplômes d’ingénieurs soient assez bien protégés, il existe des motifs d’inquiétude comme la sous-rémunération des ingénieurs, notamment dans la fonction publique et dans certaines branches professionnelles ou sur certaines fonctions. La tendance à étendre la précarité du premier emploi aux jeunes ingénieurs, la précarité des chercheurs participent au phénomène. Les rémunérations des ingénieurs sont sous la pression de la conjoncture. Le manque d’ingénieurs constaté peut conduire à développer l’emploi de non-diplômés ingénieurs et de techniciens dans le sens des « engineers » anglo-saxon, pour des rémunérations moindres.

      Les carrières de management et dans le domaine de la gestion financière restent systématiquement privilégiées : en contradiction avec le discours sur la revalorisation des postes d’experts.

      Les intérêts des actionnaires et leur exigence de rentabilité sont de plus en plus des obstacles au développement durable, à l’efficacité sociale et économique. Oubliées, les promesses sur la place et le rôle incontournable des cadres, pour le progrès des sciences, des techniques, de l’humain, de l’entreprise, de leur environnement.

      Alors qu’il s’agirait de répondre à des défis écologiques, énergétiques, économiques et sociaux, le productivisme et l’accumulation financière sabotent le sens du travail en écrasant les valeurs éthiques. La capacité « d’autorégulation » affichée par les engagements des directions est manifestement limitée.

      Lorsque les entreprises évoquent la « loyauté », nous posons la question de son fondement : quels en sont les objectifs ? Répondre aux actionnaires, aux clients-usagers, aux salariés ? Aggravé par la crise, le bilan atteste que les discours lénifiants ne peuvent suffire. Le sens et l’organisation du travail doivent être guidés par la recherche d’une efficacité économique et sociale durable, en opposition à une rentabilité financière de court terme. Il faut anticiper au-delà des stratégies des employeurs et de la sphère financière

      Il importe de refuser les injonctions fondées sur les « valeurs », en exigeant dans chaque contexte de travail une analyse précise de ce qu’implique ce principe, de quels moyens et marges de manœuvre on dispose pour le mettre réellement en œuvre.

      L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

      • Garantir la liberté d’expression, notamment lors des réunions professionnelles. Les discussions collectives sur l’organisation du travail et la marche de l’entreprise doivent permettre l’expression des potentialités de création de chacun.
      • Reconnaître le rôle contributif des cadres, qui est de faire en sorte que le travail soit, non pas facteur de souffrance et d’aliénation, mais un moyen d’humaniser, une forme d’épanouissement des femmes et des hommes où chacun éprouve sa liberté, par la création individuelle et collective.
      • L’ouverture de négociations spécifiques sur l’égalité professionnelle femmes-hommes. Les négociations doivent s’appuyer sur le « rapport de situation comparée » annuel et obligatoire pour identifier les inégalités et définir les actions à mener pour aller vers l’égalité femmes-hommes en entreprise.
      • Instaurer un droit d’alerte technologique dans l’esprit du droit de retrait qui existe dans le Code du travail avec une protection pour le lanceur d’alerte.


      eval

      Objectifs et évaluation

      Comment optimiser l’engagement des ingénieurs ? Quelle qualité et quelle sécurité garantir ? Jusqu’où aller dans les contrôles ? Qui doit décider ?

      Du fait de leur travail qui implique conjointement les connaissances scienti- fiques, les technologies, l’organisation du travail, les dimensions économiques et sociales, l’invention et l’innovation, les ingénieurs exercent un rôle particulier et prépondérant dans les collectifs de travail.

      Dans le même temps, le risque juridique s’accroit : de plus en plus, l’ingénieur concepteur peut être mis en cause juridiquement dans un accident techno-logique, même longtemps après.

      Un ingénieur est un cadre, un manager, un expert…, mais  il se positionne principalement dans l’industrie, sur des métiers techniques, en faisant inter-venir des connaissances scientifiques, il est aussi un conducteur de projet, un concepteur, un pilote de processus, un mainteneur…et rien de tout cela ne s’oppose vraiment dans l’identité des ingénieurs.

      Mais ce qui est fortement en débat, c’est certainement la relation entre technicité et stratégie de l’entreprise, de l’État ou de la collectivité. De quel poids peuvent peser aujourd’hui les ingénieurs ? Sont-ils entendus ? Quelles relations avec les priorités éventuelles des actionnaires des entreprises, ou de réduction des coûts et des effectifs des administrations ?

      Il est urgent de mettre en place un véritable débat sur les objectifs et sur les organisations de travail. Ces questions doivent être discutées, et donc faire l’objet de propositions alternatives, d’interventions et de mobilisation des salariés.

       

      En même temps le rôle des ingénieurs, comme managers ou concepteurs, ne doit-il pas évoluer en fonction de l’élévation des connaissances et des qualifications de toutes les catégories de salariés et de la recomposition des collectifs de travail ?

       

      L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

      • Elaborer collectivement les objectifs. Ils doivent s’accompagner d’une discussion sur les incidences prévisibles et sur les moyens nécessaires. Tout entretien d’évaluation doit être assorti de garanties (transparence, possibilité de recours) et prendre en compte la dimension collective du travail et son organisation (ou évolution d’organisation).
      • Préparer l’entretien professionnel au sein du collectif de travail. Les moyens mis à disposition par l’employeur doivent être discutés. L’évaluation du travail ne doit pas se faire sans une base de critères objectifs et transparents.
      • Tenir compte de la dimension collective du travail dans les évaluations et reconnaître l’apport individuel dans ce contexte.
      • En cas de désaccord avec les objectifs fixés, le recours auprès d’une instance professionnelle, basés sur le collectif de travail, en présence des représentants du personnel.

       

      Donner du sens

      au travail


      sens-du-travail

      Donner du sens

      La finalité de l’entreprise n’est pas exclusivement économique et financière, mais d’abord humaine et sociale. Les choix de gestion doivent prendre en compte les conséquences humaines, sociales et environnementales.

      Les carrières de gestionnaires, ou de la finance sont particulièrement valo-risées et attirent les ingénieurs des écoles les plus prestigieuses. Un petit nombre d’ingénieurs deviennent des cadres dirigeants intégrés au Wall Street Management.

      Le métier d’ingénieur se projette sur le moyen terme, s’accommode mal d’une vision au jour le jour. Un projet industriel, que ce soit une centrale nucléaire, un avion, une voiture, comme un projet d’aménagement se conçoit pour des années, et concerne des produits à longue durée de vie.

      L’ingénieur connaît les difficultés du métier de cadre : charges de travail exces-sives, perte de sens face aux exigences financières, « robotisation » des tâches d’ingénieurs du fait de la parcellisation des projets de développement, management en projet résumant le travail à des indicateurs et des jalons, personnels considérés comme des ressources à optimiser, omniprésence de la communication électronique au détriment de la relation humaine…

      L’UGICT prône un management alternatif ne se substituant pas au dialogue social collectif et visant à réorienter le rôle des managers vers :

      • la restauration et l’animation du collectif de travail, lui-même tourné vers la résolution collective et le partage d’experience et de sens;
      • le renforcement du soutien aux personnes, au collectif de travail (développement de la coopération transverse avec les autres équipes), l’innovation… ;
      • l’accompagnement individuel et l’évaluation.

      L’UGICT-CGT propose d’agir pour :

      • Obtenir la participation des salariés avec voix délibérative dans les instances de direction et un droit suspensif sur les grandes questions concernant l’emploi dans l’entreprise.
      • Développer la transparence des décisions en renforçant l’information et la consultation des salariés et de leurs représentants, y compris ceux des entreprises sous-traitantes.
      • Favoriser le droit d’alerte, de propositions alternatives aux choix stratégiques, consolidant l’emploi, la reconnaissance des qualifications, la citoyenneté dans l’entreprise et l’exercice des libertés syndicales, y compris dans les entreprises sous-traitantes.
      • Définir des plans d’actions sur les enjeux prioritaires de la Responsabilité Sociale d’Entreprise, avec suivi et indicateurs, sur la base d’accords négociés avec les organisations syndicales.

       

       

      Qu’est-ce que l’UGICT ?

      L’UGICT-CGT est la référence syndicale pour les Ingés, Cadres et Techs. Plus de 80 000 syndiqués de la CGT y sont affiliés, dans toutes les branches professionnelles et sur tout le territoire.

      Ingénieurs, cadres et techniciens, nous agissons pour que nos aspirations et notre vécu au travail se traduisent dans des revendications syndicales majoritaires.

      En intégrant que nous avons un rapport spécifique au travail du fait de nos fonctions, notre niveau de responsabilité, notre expertise et notre rôle dans l’organisation du travail, notre choix est aussi celui de la solidarité avec l’ensemble des salariés, car nous partageons les mêmes intérêts.

       

       

      Professionnellement engagés et socialement responsables

      Nous agissons pour :

      • obtenir la reconnaissance des diplômes et des qualifications dans les salaires et les responsabilités ;
      • obtenir des droits individuels et collectifs pour faire valoir notre rôle contributif et notre éthique professionnelle, agir ensemble pour une réelle réduction du temps et des charges de travail ;
      • défendre la retraite par répartition et la retraite AGIRC. Nous revendiquons la validation des années d’études pour le calcul des droits à la retraite ;
      • conquérir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
      • mettre fin au Wall Street Management et développer une démarche de management alternatif.

      L’Ugict est membre d’Eurocadres, organisation associée à la Ces (Confédération Européenne des syndicats), afin de travailler à de réels droits sociaux en Europe. L’Ugict est signataire du « manifeste pour la responsabilité des cadres ». Au niveau mondial, l’Ugict est membre d’Union Networks International, afin de mieux développer les convergences des revendications dans le secteur des services.

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