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Toutes choses égales par ailleurs, l’AGIRC aura épuisé ses réserves financières en 2017. Les pensions versées par ce régime aux cadres et assimilés devraient donc diminuer de 5,15 % en 2018 et de 6,33 % supplémentaires en 2019. De quoi susciter une levée de boucliers dans l’opinion.
Pour éviter toute intervention de l’État et garder la main sur les régimes complémentaires, le Medef entend éviter cet écueil en obtenant au plus tôt un accord des organisations syndicales sur la mise en place d’un régime unique complémentaire « à cotisations définies » (cf. fiche 7).
Le régime unique lui permettrait en effet de siphonner les réserves de l’ARRCO pour maintenir le montant des pensions versées aux cadres retraités jusqu’en 2024, quitte à précipiter de trois années l’horizon d’épuisement des réserves du nouvel ensemble (2024 au lieu de 2027 pour l’ARRCO seule), essentiellement aux dépens de la retraite des non-cadres1.
Anticipant sur la division du salariat qu’il veut ainsi créer, et sous prétexte de rétablir l’équité, il propose d’ores et déjà une réduction drastique des droits à retraite des cadres sans pour autant, au nom du partage des efforts, épargner le reste du salariat :
– suppression de la Garantie Annuelle Minimale de 120 points de retraite (GMP), soit, pour les de cadres concernés, une perte annuelle de pension de l’ordre de 2 089 € pour 40 années cotisées (cf. fiche 9) ;
– baisse continue des taux de remplacement2 du salaire par la pension pour tous les salariés (cf. fiche 6) ;
– abaissement du taux de la pension de réversion à 54 % ou 50 % de la pension du conjoint décédé, contre 60 % aujourd’hui ;
– recul de l’âge effectif de départ en retraite.
En alternative au régime unique, le Medef propose également de restreindre le périmètre de l’AGIRC aux seuls cadres dirigeants. Devenu un régime réservé aux plus hauts revenus, l’AGIRC retrouverait alors son équilibre financier.
Les 90 % de l’encadrement exclus de l’AGIRC seraient alors transférés à l’ARRCO pour y cotiser également au-dessus du plafond de la Sécurité sociale. 40 % d’entre eux perdraient de ce fait le bénéfice de la GMP qui n’existe pas dans ce régime. Tous les exclus y perdraient en outre leur statut cadre.
L’ARRCO, en récupérant cette population dont les cotisations ne permettent pas en l’état de couvrir les dépenses de retraite, verrait le creusement de son déficit s’accélérer, aux dépens de la retraite de tous les salariés, non-cadres et cadres.
1 À l’ARRCO, cotisent 14 millions de non-cadres et 4 millions de cadres et assimilés.
2 Le taux de remplacement exprime en pourcentage le rapport entre la première pension annuelle brute et le dernier salaire annuel brut. 65 % de taux de remplacement signifie que pour 100 € de salaire, on a 65 € de pension.