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Les métiers d’ingénieurs restent motivants. Les nouveaux défis du développement durable et du rôle de l’industrie pour l’économie et pour l’emploi changent-ils la donne pour les ingénieurs ?
L’orientation de l’économie française vers les services avec l’idéologie de l’économie sans usines (de plus en plus remise en cause), la suprématie des critères financiers et de l’intérêt des actionnaires, le déclin accéléré de l’industrie, le désengagement de l’État de l’intervention publique opérationnelle, tout cela a contribué à déstabiliser les métiers d’ingénieurs.
Au cœur du télescopage entre l’expertise technique et la finance, les ingénieurs voient trop souvent leur rôle et place remis en cause par des considérations purement financières et de court terme (vision du profit à deux chiffres) au détriment d’une vision de plus long terme fondée sur l’investissement et la recherche. Leur rôle contributif est réduit et leur qualification qui conjugue expertise et capacité d’encadrement souffre d’un vrai problème de reconnaissance.
Il n’est donc pas étonnant de voir une désaffectation pour les emplois scientifiques, liée à la dépréciation des qualifications scientifiques et techniques, entraînant une fuite des salariés vers le secteur financier ou commercial. Inverser cette logique nécessite de revaloriser le rôle contributif des ingénieurs pour s’orienter vers le développement économique, l’innovation et l’entreprenariat.
Cette dynamique suppose d’aller à l’encontre de la dévalorisation de la science et de la technique par rapport au tout gestion ou au tout management, corollaire de la perte de substance de l’industrie en France qui a atteint les écoles d’ingénieurs dans les dernières décennies. L’enseignement du Wall Street management responsable de la crise actuelle est ainsi rentré en force dans les formations au détriment des options industrielles.
Répondre aux besoins de l’industrie en ingénieurs nécessite de créer des possibilités d’évolutions professionnelles en revalorisant le rôle et la place des ingénieurs dans les différentes filières de ce secteur d’activité, avec notamment la révision du mode de gouvernance des entreprises dans le processus de décision, dans les choix industriels et stratégiques des entreprises.
Les « Rencontres d’Options » du 24 novembre 2011 ( Cadres Infos 687 (159.38 kB)) sur l’impact du low cost sur l’économie (avec un éclairage sur le transport aérien) ont montré la nécessité de résoudre le problème structurel qui existe sur l’ensemble de la chaîne qualifiée du secteur industriel. Redonner du sens au travail nécessite d’avoir une vision globale de la stratégie et de s’interroger sur la conception de la compétitivité. Du contenu de leur formation aux conditions d’exercice de leur métier, l’obtention de ces nouvelles attributions seront déterminantes pour orienter l’industrie vers la sortie de crise.