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Au détour du projet de loi « Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE) », les véritables motifs de la réforme Macron des retraites se font jour.
Rappelons que le Président de la République s’est engagé à mettre en place à compter de 2019 un système de retraite à la suédoise : le taux de la cotisation dédiée au financement des retraites publiques serait définitivement bloqué et le montant des pensions alors condamné à baisser avec l’augmentation du nombre de retraités et de leur espérance de vie.
Mais pourquoi figer définitivement le taux de cotisation et faire baisser le niveau des pensions ? Pour dynamiser le marché de l’épargne retraite individuelle et collective, selon les vœux du Medef et de son secteur bancaire et assurantiel.
À cet effet, l’article 23 du PACTE susmentionné entend accroître l’attractivité de l’épargne retraite en créant sa portabilité d’une entreprise à une autre, la transférabilité des encours entre produits d’épargne et en autorisant une sortie en capital en plus de la sortie en rente.
La belle affaire ! Les produits d’épargne retraite resteront à cotisations définies. Autrement dit, les épargnants cotiseront à l’aveugle : ils s’engageront sur un taux de cotisation mais, comme aujourd’hui, ils n’auront en retour aucunement la garantie de récupérer leur épargne car banquiers et assureurs leur font intégralement supporter la volatilité des marchés financiers. Pour ceux qui auraient un doute, il est désormais clair que si PACTE il y a, c’est bien sur le dos des salariés au profit des grands opérateurs de la finance internationale.
Ainsi, sous couvert de « mieux financer l’économie française en développant le financement en fonds propres des entreprises », l’article 23 du PACTE vise essentiellement à ouvrir de nouveaux débouchés aux fonds de pension anglo-saxons déstabilisés par des rendements à long terme historiquement bas, voire négatifs.
Quant au sort des entreprises reprises par des fonds de pension, il n’est désormais que trop connu : dépeçage en règle et licenciements en nombre …
La captation de l’épargne des ingénieurs, cadres et techniciens par les marchés financiers fragiliserait ainsi le financement de la Sécurité sociale et se retournerait contre la constitution de leur propre retraite.
Cette privatisation rampante du système des retraites en dit long sur la nature des intérêts défendus par la présidence Macron : car s’il y a de l’argent pour l’épargne retraite, c’est donc que cet argent pourrait tout aussi bien être affecté au financement de la retraite par répartition, celle de la Sécurité sociale et des régimes complémentaires ARRCO et AGIRC, dont le grand mérite est de ne pas faire dépendre le montant des retraites des cours de la Bourse.
Il y a donc urgence à ouvrir un débat démocratique sur un financement solidaire des retraites permettant de garantir un niveau de pension offrant à chacun la continuité de son niveau de vie.