[Podcast Ép. 82] Billet 🔊 – CNR : les absents refusent de servir de faire-valoir

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Trop marquĂ© par son exercice jupitĂ©rien du pouvoir durant son premier mandat, par son mĂ©pris du dialogue social, des corps intermĂ©diaires, Emmanuel Macron est bien Ă  la peine pour donner lustre et relief Ă  son Conseil national de la refondation, lancĂ© Ă  Marcoussis dans l’Essonne, jeudi 8 septembre.

 

 

L’opĂ©ration a surtout brillĂ© par le nombre et la nature des absents. Les oppositions et une majoritĂ© de syndicats, dont la CGT, FO et la CGC, ont refusĂ© de se prĂŞter Ă  un exercice qui leur rappelle de piteux souvenirs. Ainsi, la CGT a rappelĂ© Ă  Emmanuel Macron : « Nous avons pu vĂ©rifier Ă  maintes reprises que malgrĂ© l’opposition unanime du mouvement syndical Ă  certaines rĂ©formes, comme l’assurance chĂ´mage par exemple, vous ĂŞtes passĂ© outre. Cela a encore Ă©tĂ© le cas cet Ă©tĂ© lors de la loi sur le pouvoir d’achat oĂą la question des salaires a Ă©tĂ© purement ignorĂ©e du texte malgrĂ© nos multiples propositions. » De son cĂ´tĂ©, la CGC qui a Ă©galement dĂ©clinĂ© l’invitation, estime que « le CNR est un objet de communication, rien de plus. » Et Force Ouvrière ajoute que ce CNR « par son mode de fonctionnement et sa finalitĂ© risque Ă©galement d’affaiblir la place et le rĂ´le du Conseil Ă©conomique, social et environnemental ».

Ce n’est donc pas parce que les syndicats se dĂ©sintĂ©ressent des thĂ©matiques de ce CNR (le plein-emploi, l’école, la santĂ©, le bien-vieillir et la transition Ă©cologique), qu’ils refusent d’y participer, mais bien parce que l’opĂ©ration mĂ©diatique a un goĂ»t de dĂ©jĂ -vu.

Elle a des relents de grand dĂ©bat national Ă  l’Ă©poque de la crise des Gilets jaunes. Elle rappelle aussi la Convention citoyenne pour le climat. Mais que sont devenues les propositions citoyennes qu’Emmanuel Macron avait promis de traduire dans la loi ? 

Sorti juste avant les Ă©lections lĂ©gislatives du chapeau des communicants de l’ÉlysĂ©e, ce CNR se voulait ĂŞtre l’un des piliers de la prĂ©tendue « mĂ©thode nouvelle » de gouvernance d’Emmanuel Macron destinĂ©e Ă  donner de la lĂ©gitimitĂ© Ă  des dĂ©cisions qu’une AssemblĂ©e nationale presque tout acquise devait voter des deux mains. Mais voilĂ , les Ă©lecteurs ont lourdement sanctionnĂ© la Macronie en privant Jupiter de la majoritĂ© absolue, l’obligeant Ă  bricoler texte par texte des majoritĂ©s avec la droite, voire avec les 89 dĂ©putĂ©s d’extrĂŞme droite.

Ce Conseil national de la refondation apparaît bel et bien comme un outil de contournement des corps intermédiaires, du Parlement, mais aussi le CESE, pourtant troisième chambre de la République.

Quel crĂ©dit peut-on accorder Ă  ce nouveau gadget censĂ© moderniser la dĂ©mocratie alors que dans le mĂŞme temps sur la question Ă©nergĂ©tique qui rĂ©clame un vrai dĂ©bat dĂ©mocratique, Emmanuel Macron s’enferme dans un nouveau Conseil de dĂ©fense Ă©nergĂ©tique aussi opaque et jupitĂ©rien que le Conseil de dĂ©fense sanitaire ?

Si les absents du CNR ont un tort, ce n’est pas celui d’ĂŞtre naĂŻfs.

 

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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