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La montĂ©e en puissance de la question des superprofits dans un contexte d’hyperinflation n’a rien d’Ă©tonnant. Pendant que les prix flambent et mettent Ă mal le budget des familles, ces profits extrĂŞmes accroissent les fortunes des milliardaires et des fonds financiers. Ainsi, 70 milliards ont Ă©tĂ© versĂ©s aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2021. Quand on annonçait un taux d’inflation de 6,1 % en juillet, le CAC 40 proclamait 9 % de hausse !
Dans le mĂŞme mois de juillet, le gouvernement refusait de parler salaire, prĂ©fĂ©rant distraire l’opinion avec une session parlementaire sur le seul pouvoir d’achat.
Du cĂ´tĂ© patronal, les augmentations obtenues dans la dernière pĂ©riode atteignent en moyenne la moitiĂ© du taux de l’inflation. RĂ©sultat : un effondrement du pouvoir d’achat, estimĂ© en juin par la DARES Ă 2 % en moyenne et 2,7 % pour les salaires des cadres et professions intermĂ©diaires Â
Cet été encore, sous couvert de « mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat », le gouvernement a fait adopter deux lois qui pour la CGT « non seulement ne répondent en rien aux besoins qu’expriment la majorité des salariés mais dénaturent notre système de protection sociale et le droit du travail ». Il fait financer les primes par des exonérations sociales et fiscales et remet une nouvelle fois en cause les 35 heures en permettant le rachat des RTT.
La faiblesse des salaires, des pensions et des minima sociaux, la non-reconnaissance des qualifications et des responsabilitĂ©s, sont donc fort logiquement au centre des mobilisations de la dernière pĂ©riode. Mobilisations que la CGT propose d’amplifier avec un appel interprofessionnel le 29 septembre. Et dans un communiquĂ©, le 31 aoĂ»t, la CGT indique qu’elle « travaille Ă un appel plus large de l’ensemble des organisations syndicales et au-delĂ parce que c’est une nĂ©cessitĂ©, c’est une urgence pour inverser le rapport de force en faveur du monde du travail et stopper ces politiques qui favorisent une minoritĂ© au dĂ©triment de la majorité ».
L’exaspĂ©ration de l’opinion vis-Ă -vis de ces fortunes accumulĂ©es, des salaires pharaoniques des grands patrons, des rĂ©sultats mirifiques des grands groupes, de leurs capacitĂ©s Ă rebondir après les crises, n’est pas tout Ă fait nouvelle. La question du partage de la valeur ajoutĂ©e se pose depuis des dĂ©cennies quand on annonce les profits dĂ©mentiels rĂ©alisĂ©s par les entreprises du CAC 40, quand ces grands groupes se refont la cerise un an après la crise de 2008 grâce aux milliards injectĂ©s pour sauver le système bancaire ou les constructeurs automobiles. La question se pose aussi chaque fois que vient dans l’actualitĂ© la rĂ©munĂ©ration des grands patrons en gĂ©nĂ©ral suivie des promesses de moralisation du patronat.
Les profits -qu’ils soient ou non qualifiĂ©s de superprofits- sont au centre du dĂ©bat depuis des dĂ©cennies alors mĂŞme que le curseur s’est dĂ©placĂ© au bĂ©nĂ©fice du capital et au dĂ©triment du travail. Au point de faire de l’Hexagone un pays Ă bas salaires, au point d’exonĂ©rer de plus en plus les entreprises du financement du bien commun et de la protection sociale. L’enjeu du partage de la valeur ajoutĂ©e, ne touche pas qu’au sujet du pouvoir d’achat, il s’agit aussi de faire contribuer ces grands groupes au financement de la transition environnementale. L’urgence est autant sociale que climatique et on sait ce qu’il en coĂ»te de vouloir les dissocier.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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