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En prĂ©ambule du Conseil des ministres de rentrĂ©e, mercredi 24 aoĂ»t, le prĂ©sident de la RĂ©publique a pris un air grave devant les camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision invitĂ©es exceptionnellement pour nous dire qu’au « fond, nous vivons la fin de l’abondance, la fin des Ă©vidences et la fin – pour ceux qui en ont encore – d’une forme d’insouciance. (…) C’est la fin des produits qui nous paraissaient perpĂ©tuellement disponibles (…) la raretĂ© rĂ©apparaĂ®t, comme avec l’eau. »
Abondance, insouciance ? On a bien entendu ? De quoi ou de qui nous parle donc E. Macron ? Des mĂ©nages qui n’arrivent pas Ă boucler les fins de mois ? De ceux qui se font recaler par leur banque quand ils veulent acheter leur logement ? De ceux qui sont contraints de prendre n’importe quel emploi pour survivre ? De ces millions de Français qui ne sont pas partis cet Ă©tĂ©Â ?
En fait non. Emmanuel macron, qui a surtout brillĂ© pour son inaction climatique, vient de comprendre après un Ă©tĂ© meurtrier ce que les scientifiques du GIEC nous prĂ©disent depuis trente ans. Un demi-siècle après la publication du rapport Meadows pour le club de Rome en 1972, Emmanuel Macron, vient nous expliquer l’impossibilitĂ© d’une consommation infinie dans un monde aux ressources limitĂ©es. Et il nous prĂ©vient donc pauvres inconscients des dangers, consommateurs impĂ©nitents, que les temps Ă venir vont ĂŞtre durs et qu’il nous faudra faire des sacrifices.
Les mots ont un sens et ils rĂ©sonnent. Comment ose-t-il parler d’insouciance alors que notre pays a connu coup sur coup la crise des Gilets jaunes, le mouvement social contre la rĂ©forme des retraites, deux annĂ©es de crise sanitaire et maintenant une inflation inĂ©galĂ©e depuis des annĂ©es… De quel surplomb nous regarde-t-il alors que 68 % des Français.es « anticipent une rentrĂ©e agitĂ©e, sous le signe de mouvements sociaux d’ampleur », rĂ©vèle le sondage rĂ©alisĂ© par Viavoice pour LibĂ©ration. « La question sociale est sur toutes les lèvres », indique l’enquĂŞte.
Emmanuel Macron a-t-il bien perçu l’inflammabilité de cette rentrée ? Réforme de l’assurance chômage, réforme des retraites, revendications salariales, système de santé en crise majeure, rentrée scolaire calamiteuse : les dossiers sociaux les plus explosifs sont réunis.
Loin de l’insouciance, la reprise du travail se fait sur fond de fatigue et le ras-le-bol largement ressenti par les travailleuses et travailleurs. Et c’est dans ce contexte que le gouvernement entend remettre Ă l’ordre du jour la rĂ©forme des retraites et s’Ă©chine, comme avec la loi sur le pouvoir d’achat votĂ© cet Ă©tĂ©, Ă prendre des mesures gĂ©nĂ©rales pour garantir des hausses de salaire pour toutes les catĂ©gories. Car mĂŞme les salariĂ©.es qualifiĂ©.es et en responsabilitĂ©s sont touchĂ©.es. Ainsi, « ces derniers mois les salaires des cadres et professions intermĂ©diaires ont plus baissĂ© en euros constants que ceux des autres travailleurs ses : -2,7 % en un an pour les cadres et professions intermĂ©diaires, -2 % pour l’exĂ©cution », assure l’Ugict-CGT en s’appuyant sur les chiffres du ministère du Travail (DARES).
Au dossier salaire, vient aussi se greffer en cette rentrée la réforme de l’assurance-chômage qu’Emmanuel Macron entend faire passer dès cet automne afin de moduler les règles d’indemnisation des chômeurs en fonction de la conjoncture économique.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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