[Podcast Ép. 72] Billet 🔊 – Changement de casting, mais on garde le scĂ©nario

Pour en savoir plus


Temps de lecture : 4 minutes

Il faut bien reconnaître à Emmanuel Macron une certaine constance. Ainsi continue-t-il à nous faire du « en même temps » avec un gouvernement où voisineront Pap Ndiaye, l’historien de la
« Condition noire » Ă  la tĂŞte de l’Éducation nationale et GĂ©rald Darmanin Ă  l’IntĂ©rieur. Le premier qui Ă©voquait il y a quelques mois la rĂ©alitĂ© des violences policières, va donc siĂ©ger au conseil des ministres avec le second qui les a toujours niĂ©es. Les commentaires n’ont pas fait dans la dentelle. Ainsi, la fille Le Pen y voit la « dernière pierre de la dĂ©construction de notre pays, de ses valeurs et se son avenir » tandis que son lieutenant, Jordan Bardella, qualifie le ministre de l’Éducation nationale de « militant racialiste et anti-flics ».

 

 

Reste que très vite le ministre de l’Éducation va se trouver confrontĂ© Ă  un climat social très dĂ©gradĂ© par les annĂ©es Blanquer. « La multiplication des rĂ©formes imposĂ©es Ă  marche forcĂ©e et le manque chronique de moyens ont dĂ©gradĂ© les conditions de travail des personnels et des Ă©lèves », ont ainsi dĂ©clarĂ© dans un courrier Ă  la Première ministre, fraĂ®chement nommĂ©e onze syndicats de l’Éducation, dont la CGT, ainsi que la FCPE pour les parents d’Ă©lèves. Ces organisations exigent notamment « un moratoire sur les suppressions de postes ». Et elles attendent « une revalorisation ambitieuse des salaires pour tous les personnels non seulement pour compenser la perte de pouvoir d’achat depuis plusieurs annĂ©es, mais pour redonner de l’attractivitĂ© aux mĂ©tiers des services publics d’Éducation, sans conditionnement Ă  des tâches supplĂ©mentaires, dans le respect des statuts et du droit Ă  un dĂ©roulement de carrière ».

Sur ces dossiers, il est clair que le nouveau ministre aura du mal Ă  faire pire que Blanquer. Mais il n’est pas sĂ»r que Bercy ait très envie de cĂ©der les moyens nĂ©cessaires Ă  la satisfaction des revendications. Si l’arc syndical est très large dans l’Ă©ducation, il est aussi tout Ă  fait considĂ©rable et solide dans le reste de la fonction publique. Ainsi, la nomination d’Élisabeth Borne a-t-elle Ă©tĂ© l’occasion pour huit fĂ©dĂ©rations syndicales de la fonction publique de rappeler dans un courrier commun que « la première des urgences est celle des salaires et du pouvoir d’achat ». Les syndicats ont ainsi voulu rappeler Emmanuel Macron et sa cheffe du gouvernement Ă  la promesse d’une augmentation gĂ©nĂ©rale « avant l’Ă©té » faite par la ministre de la Fonction publique du gouvernement Castex, AmĂ©lie de Montchalin.

On pourrait commenter longtemps le casting, mais pour ce qui est de l’exemplarité, notamment en matière d’égalité femmes/hommes ou de lutte contre les violences faites aux femmes, il faudra repasser, car on trouve au gouvernement deux ministres mis en cause pour viol (Darmanin et Abbad), deux ministres faisant l’objet d’enquête pour corruption et prise illégale d’intérêt (Dupond Moretti et Dussopt).

On pourrait aussi dĂ©coder Ă  l’envi le style ou la personnalitĂ© de la Première ministre, mais on va très vite voir ce gouvernement Ă  l’Ĺ“uvre sur des dossiers sociaux que la campagne prĂ©sidentielle n’a pas pu Ă©luder ou Ă©clipser parce que la pression des mobilisations a Ă©tĂ© forte ces derniers mois.

Élisabeth Borne qui a toujours refusĂ© de donner un coup de pouce au SMIC sera-t-elle la Première ministre des Revalorisations salariales ? C’est difficile Ă  croire, car sa feuille de route comporte une liste impressionnante de rustines et de chèques qui permettent de dĂ©douaner le patronat de ses responsabilitĂ©s salariales. Sera-t-elle la Première ministre du Service public après avoir Ă©tĂ© la ministre des Transports de la rĂ©forme sur la SNCF qui a changĂ© le statut des cheminots et ouvert Ă  la concurrence le rĂ©seau SNCF. Élisabeth Borne moins dure dĂ©sormais avec les chĂ´meurs alors qu’elle a durci les règles de l’assurance chĂ´mage ? Évidemment pas. Son gouvernement s’inscrit dans une continuitĂ©, une poursuite annoncĂ©e. Mais justement parce que ses faits d’armes en tant que ministre sont dĂ©jĂ  largement connus, les syndicats ne restent pas dans l’attentisme et l’ont dĂ©jĂ  appelĂ© dans une lettre ouverte Ă  augmenter les salaires et Ă  renoncer au recul de l’âge lĂ©gal de dĂ©part Ă  la retraite. Il faut donc s’attendre Ă  de nouvelles mobilisations.

 

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

Notre billet audio de la semaine est Ă©galement Ă  retrouver sur Notre blog mediapart

Depuis février 2020 vous pouvez vous abonner à Cadres Infos, le podcast des Ingés Cadres Techs CGT, produit par l’Ugict CGT sur :

https://ugictcgt.fr/arte

https://ugictcgt.fr/spotify

https://ugictcgt.fr/deezer 

https://ugictcgt.fr/apple

Restez informés


Ă€ propos

Voir aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *