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La question du pouvoir d’achat domine les débats de la présidentielle. C’est le résultat de plusieurs années d’austérité salariale conjuguée à une inflation forte et durable. Désormais, le gouvernement ne peut s’y soustraire et s’il y a répondu jusqu’à présent par des primes pour sortir de la crise des Gilets jaunes ou des « chèques carburant », il ne peut plus se dérober à la question des salaires. C’est l’un des premiers enseignements que l’on peut tirer de l’annonce du dégel du point d’indice des fonctionnaires par Amélie de Montchalin.
Évidemment, son caractère électoraliste n’a échappé à personne. Mais il n’est pas certain que cette promesse soit suffisante pour effacer cinq années de mauvais traitements sur le service public et de ses agents. On peut même y percevoir un certain cynisme alors même que la ministre de la
Transformation et de la Fonction publique se refusait lors des derniers rendez-vous salariaux à traiter du point d’indice, déclenchant ainsi la colère unanime des fédérations de fonctionnaires. Ce cynisme a été dénoncé notamment par la CGT Educ’Action, qui rappelle que le gouvernement oppose aux revendications salariales « sa volonté de ne recourir qu’à des augmentations de salaires indemnitaires ciblées, injustes et insuffisantes ». C’est vrai dans l’Éducation nationale, ça l’est aussi dans la santé avec les mesures du Ségur. « Nos organisations se sont toujours opposées à ce refus persistant qui a produit des effets terribles pour les personnels et pour l’attractivité de la fonction publique », ont réagi la CGT, l’Unsa, la FSU, Solidaires, FO, CGC et CFTC de la fonction publique.
Dans un article du Parisien, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique a beau assurer que la rupture avec cette rigueur salariale imposée depuis février 2017 « n’est pas une décision politique, mais un amortisseur pour protéger le pouvoir d’achat des fonctionnaires » et des contractuels a été décidée « sur la base de déterminants économiques », on ne peut s’empêcher de faire un lien avec le contexte électoral et aussi avec le front syndical large et constant sur cette question ces derniers mois dans les trois versants de la fonction publique. C’est un changement de pied bien surprenant pour une ministre qui affirmait un mois plus tôt qu’une telle « mesure électoraliste » reviendrait à prendre les agents et leurs organisations syndicales « pour des imbéciles ».
On peut en effet parler de cynisme avec cette annonce gouvernementale in extremis pour une application « avant l’été ». Car c’est d’un chantage dont il s’agit. Il faudrait en effet attendre l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale pour que les mesures budgétaires soient votées. Le deal proposé aux fonctionnaires c’est de reconduire Emmanuel Macron et ses amis, leur donner une majorité.
Reste que si le gouvernement se salit en de basses manœuvres, les syndicats sont fondés avec les personnels à faire monter la pression revendicative pour exiger l’ouverture de négociations immédiate. Et la CGT de la Fonction publique rappelle « que la Constitution donne la possibilité́ au gouvernement, par convocation du Parlement actuel en session extraordinaire possible jusqu’au 21 juin, de faire voter les textes budgétaires nécessaires ». Cela tombe bien, les agents du service public qui ont tenu face à la pandémie ont besoin d’une vraie reconnaissance salariale. Pas de promesses.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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