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Tous ceux qui dans le mouvement syndical, et les quelque 120 associations ou organisations, ont participĂ© le 12 juin dernier Ă pas moins de 140 manifestations en France contre l’extrĂŞme droite, contre les lois liberticides du gouvernement, peuvent bien sĂ»r se rĂ©jouir que les rĂ©sultats du premier tour des Ă©lections rĂ©gionales ne valident pas les funestes augures qui depuis des semaines nous annonçaient l’inexorable arrivĂ©e du RN Ă la prĂ©sidence de plusieurs rĂ©gions.
D’une certaine manière oui, il faut se fĂ©liciter des piètres rĂ©sultats de l’extrĂŞme droite. Mais peut-on en ĂŞtre quitte alors que l’abstention a encore battu tous les records ? Peut-on, comme s’y sont essayĂ©s quelques commentateurs dimanche soir, dĂ©crĂ©ter que le plafond de verre empĂŞchant la fille Le Pen d’accĂ©der au pouvoir fonctionne toujours ? Rien ne serait plus imprudent. Pas plus qu’il ne faudrait se satisfaire que son parti fasse dĂ©sormais lui aussi, comme les autres les frais de l’abstention.
Cette Ă©lection est aussi un Ă©chec dans la stratĂ©gie de bipolarisation du paysage politique Ă laquelle se livrent sans vergogne Emmanuel Macron et ses amis pour s’assurer une rĂ©Ă©lection en 2022. Ils ont tellement saturĂ© le dĂ©bat politique avec des thèses comme l’insĂ©curitĂ© (dont mĂŞme la police serait victime), l’identitĂ© nationale, le danger sĂ©paratiste, ou un prĂ©tendu islamo-gauchisme, que Marine Le Pen a Ă©tĂ© contrainte de faire campagne contre les Ă©oliennes…Â
Cette bipolarisation artificielle est censĂ©e faire oublier un bilan Ă©conomique et social catastrophique et une furie rĂ©formatrice complètement idĂ©ologique et hors-sol. L’abstention est un marqueur de la dĂ©sespĂ©rance sociale. Et de ce point de vue, Emmanuel Macron en porte une responsabilitĂ© Ă©crasante.
Alors que le pays connaĂ®t une vague de plans sociaux, de fermetures d’entreprises, un allongement du chĂ´mage de longue durĂ©e, il s’obstine Ă poursuivre sa rĂ©forme de l’assurance chĂ´mage, contre l’avis de toutes les organisations syndicales. Une rĂ©forme qui va durement pĂ©naliser les « permittents » de l’emploi et qui s’attaque Ă l’indemnisation des cadres pour prĂ©parer la dĂ©naturation complète du système d’assurance chĂ´mage. Il foule aux pieds la dĂ©mocratie sociale en n’Ă©coutant que les desiderata patronaux, il persiste Ă vouloir imposer sa rĂ©forme des retraites avant la fin du quinquennat et accĂ©lère la mise en pièces du service public.
Ă€ l’Ă©vidence, l’abstention massive n’est pas la marque d’une adhĂ©sion Ă ces rĂ©formes, et il revient aux organisations syndicales et dĂ©mocratiques de poursuivre sans faiblir, et si possible dans une plus large unitĂ© le combat pour le progrès social, la dĂ©mocratie, les libertĂ©s, l’Ă©galitĂ© de droits, la solidaritĂ©… seules vraies digues contre l’extrĂŞme droite.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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