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Réunis en juin à trois reprises, les groupes de travail paritaires devaient permettre de débloquer les négociations en examinant sur le fond ses enjeux. Peine perdue : le Medef s’est présenté ce 29 novembre devant les organisations syndicales sans mandat et sans idées.
Pire, il n’a respecté aucun de ses engagements, à commencer par l’établissement d’un rapport détaillé des travaux de juin.
Quant au document remis sur table, il témoigne du mépris du Medef pour les ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise : plus question de reconnaître ni rémunérer leur qualification.
Selon la doctrine mise en œuvre sans fard dans la métallurgie, considérés comme des tâcherons, ils devraient accepter une rémunération à la compétence utilisée, dont le prix serait fixé entreprise par entreprise, selon la loi de l’offre et de la demande. Rien non plus sur les droits et moyens accordés pour leur permettre d’exercer leur professionnalisme et leurs responsabilités économiques, sociales et environnementales.
Poussé dans ses retranchements par toutes les organisations syndicales à l’unisson, le Medef a renié ses engagements signés le 30 octobre 2015 : il refuse de « définir les principaux éléments permettant de caractériser l’encadrement » « (notamment technique et managérial) et refuse de préciser le champ d’applications des dispositions relatives à la prévoyance des cadres et assimilés. Sur la sanctuarisation de la cotisation patronale appelée au taux de 1,5 % pour financer cette prévoyance, la délégation exprime des points de vue contradictoires, renvoyant in fine au juge le soin d’arbitrer le sujet. On ne saurait mieux s’en laver les mains.
Seule perspective pour les prochaines réunions : l’élaboration d’une délibération sans autre portée qu’incantatoire vis à vis des entreprises et des branches.
Le Medef n’a pas le courage d’affirmer sa stratégie, au contraire d’un Hubert Mongon, qui, à la tête de l’Union des Industries Minières et Métallurgiques, annonce clairement qu’il n’y aura pas d’accord national interprofessionnel.
Tel est bien le sens de l’enlisement de négociation nationale : permettre aux branches professionnelles de la court-circuiter pour faire du moins-disant social la règle commune. Car le déclassement des cadres ouvre une voie royale au déclassement de l’ensemble des salariés, ouvriers et employés compris.
Pour autant, les organisations syndicales mèneront cette bataille jusqu’au bout. Ainsi travailleront-elles ensemble des propositions communes à transmettre au Medef d’ici le 15 décembre.
À Montreuil, le 2 décembre 2019