Macron supprime (à nouveau !) l’ENA

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Le président Macron a annoncé à nouveau ce jeudi 8 avril la suppression de l’École Nationale d’Administration. Cette déclaration a un air de « déjà vu » puisque le Président avait fait une déclaration identique dès avril 2019 en réponse à la crise des gilets jaunes.

Après le rapport de Frédéric Thiriez remis en février 2020, l’annonce d’une nouvelle voie d’accès pour les candidats issus de milieux modestes en février 2021, le gouvernement annonce à présent la suppression de l’ENA et son remplacement par …une nouvelle école, Institut du Service Public.

Le changement d’acronyme n’a guère d’importance en soi et n’est qu’une diversion au profit d’un projet plus dangereux pour l’intérêt général.

En prétendant pourfendre « l’énarchie », Macron dénonce mais propose un remède pire que le mal.

Macron ne rend pas l’accès plus juste mais plus arbitraire encore. Il substitue à une logique de caste socialement verrouillée une logique de cour politiquement sélectionnée et vise à aligner la haute fonction publique sur le management en vigueur dans le privé.

Il supprime la fameuse « botte » et l’accès aux sortants de l’ENA aux postes les plus prestigieux mais la remplace par un total arbitraire du pouvoir politique qui recrutera sur « lettre de mission », ce qui assurera une docilité sans faille de ces hauts fonctionnaires au pouvoir en place.

Une réforme de la carrière des hauts fonctionnaires est annoncée pour généraliser les aller/retour avec le privé, mettre fin à l’avancement à l’ancienneté et le lier à une évaluation de la performance.

Ces dispositions ne permettront absolument pas de démocratiser la haute fonction publique. Par contre, elles suppriment la spécificité de la fonction publique et les verrous qui garantissent son adossement à l’intérêt général et conduiront à généraliser les conflits d’intérêt au plus haut sommet de l’Etat.

Pourtant, la crise sanitaire a justement démontré l’affaiblissement des capacités stratégiques  de l’Etat par l’import du wall street management dans la fonction publique.

La réforme de la haute fonction publique devrait au contraire de renforcer l’intérêt général et les capacités d’action stratégique de l’Etat.

La CGT et son Ugict ont fait de nombreuses propositions pour démocratiser l’accès à la haute fonction publique (dispositifs de pré recrutement, réforme des concours…) et refuseront que cet objectif légitime soit instrumentalisé pour fragiliser la fonction publique.

 

 

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