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Le baromètre techs s’inscrit dans les études « Opinions & attentes » réalisée par l’Ugict-CGT, notamment grâce au soutien de Secafi. Cette enquête est réalisée à partir d’un sondage réalisé par l’institut Viavoice auprès de plus de 1000 travailleur·ses technicien·nes et professions intermédiaires. Elle permet d’avoir un état des lieux précis des conditions de travail, des revendications et des enjeux qui concernent ces catégories sociaux-professionnelles.
I) Un pouvoir d’achat en baisse, un sentiment de déclassement en hausse.
Malgré l’organisation d’une “Conférence sociale sur les salaires” par le gouvernement d’Elisabeth Borne, les comptes restent dans le rouge pour grand nombre des salarié·es des professions intermédiaires et techniciennes, faute de mesure satisfaisante.
Pour les cadres, comme pour ces professionnel·les, le constat reste le même : les maigres primes qui leur sont octroyées ne couvrent pas la hausse des prix.
Avec une inflation proche de 5 % en 2023, les salaires des professions intermédiaires continuent de reculer à hauteur de 0,7 % au cours du 3e trimestre 2023 (Dares, 2023).
• 77% des sondé·es déclarent avoir bénéficié d’une rémunération supplémentaire en 2023, mais ;
• Plus de ⅔ (65 %) de ces salarié·es déclarent que cette augmentation ou prime ne leur permet pas de maintenir leur pouvoir d’achat (+5 points par rapport à 2022).
Le déclassement salarial participe au sentiment qu’ont les salarié·es des professions intermédiaires de ne pas être reconnu·es dans leur travail.
• 54 % des sondé·es estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur qualification (16 points de plus que chez les cadres (baromètre Ugict/ViaVoice 2023)).
• Pour ⅔ (63 %) des professions intermédiaires, leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur implication au travail.
Portée par la CGT lors de la Conférence sociale, les salarié·es des professions intermédiaires plébiscitent, comme les cadres, l’indexation des salaires sur le Smic et les prix… et en décalage total avec la position du gouvernement et du patronat.
• Près de 9 professions intermédiaires sur 10 (89 %) sont favorables à une augmentation automatique des salaires en fonction de l’inflation.
II) Des conditions de travail dégradées.
Au-delà de l’inflation qui mine les finances des salarié·es des professions intermédiaires et techniciennes, il y a aussi la question du mal-être au travail.
Sous-effectifs, baisse des moyens, conditions de travail qui se dégradent… autant de mécanismes à l’œuvre qui impactent au quotidien la vie au travail de ces salarié·es.
• 58 % des sondé·es ont le sentiment que leur charge de travail a augmenté depuis le début de l’année (+ 3 points par rapport à 2022).
• Une large majorité (57 %) des répondant·es estiment être soumis·es à des RPS (risques psycho-sociaux), et les lient à la surcharge de travail qu’ils et elles subissent.
• Les RPS auxquels ils et elles sont soumis·es sont induits par la surcharge de travail (57 %) et le fait d’être confronté·es à la souffrance du public (52 %).
Justement parce que bon nombre de ces salarié·es exercent des métiers « du soin et du lien », par ailleurs très féminisés, le manque de moyens alloués aux services publics impacte directement ces catégories :
• ⅓ (34 %) des salarié·es des professions intermédiaires estiment ne pas avoir les moyens de fournir un travail de qualité.
• 62 % des professions intermédiaires déclarent que leur éthique professionnelle entre régulièrement en contradiction avec les choix et les pratiques de leur entreprise ou de leur administration (contre 49 % des cadres).
Enfin, les directions restent à la traîne en ce qui concerne l’encadrement des pratiques de travail hybride :
• Moins de la moitié (42 %) des salarié·es des professions intermédiaires indique être couvert·es par un accord ou une charte sur le télétravail à domicile (40 % indiquent ne pas l’être).
III) Les femmes, grandes (dé)qualifiées.
Les femmes représentent plus de la moitié (53 %) des salarié·es des professions intermédiaires. Elles sont notamment assistantes de direction, infirmières, éducatrices, assistantes sociales, enseignantes du premier degré… Concentrées dans des métiers à prédominance féminine moins bien payés que les métiers masculinisés, les femmes professions intermédiaires subissent la déqualification à l’œuvre, en particulier dans la fonction publique.
• 68% des sondées considèrent que leur rémunération est en décalage avec leur implication au travail (contre 57% des hommes).
• Elles sont 67% à ressentir un décalage avec leur charge de travail (contre 54% des hommes).
• ⅔ (65 %) des répondantes déclarent être exposées à des RPS. En cause : le fait d’être exposées à la souffrance du public (56 %) et la surcharge de travail (58 %).
Alors que l’équilibre vie privée/vie professionnelle est une priorité pour 77 % des femmes des professions intermédiaires (8 points de plus que les hommes) elles sont :
• 57 % à déclarer que leur charge de travail a augmenté par rapport à l’année dernière (3 points de plus que les hommes),
• 48 % à estimer que les outils numériques entraînent un débordement de la vie professionnelle sur la vie privée (7 points de plus que les hommes).
IV) L’espoir trouvé dans la mobilisation collective.
Comme pour les cadres, le baromètre techs montre que la confiance dans les syndicats se confirme chez les professions intermédiaires. Alors que ces salarié·es étaient 54 % à déclarer ne faire confiance qu’à eux·elles mêmes pour défendre leurs droits ou leur emploi en 2014, ce chiffre a baissé de 5 points pour atteindre 49 % en 2023.
A contrario, la confiance dans les syndicats, qui avait connu une baisse en 2019 (atteignant 25 %), est remontée à 30 % en 2023. Ce chiffre atteint 36 % chez les professions intermédiaires en début de carrière (25-34 ans).
Pour cause, la mobilisation historique contre la réforme des retraites, mais aussi l’adéquation entre les propositions portées par les syndicats et les réalités professionnelles des salarié·es.
Par exemple en matière de temps de travail :
• 46 % sont favorables à la réduction du temps de travail par rapport à la législation actuelle, pour 83 % des sondé·es elle devrait prendre la forme d’une réduction du nombre de jours travaillés dans la semaine (semaine de 4 jours).
• 53 % des répondant·es sont prêt·es à se mobiliser collectivement pour gagner une réduction du temps de travail.
Mais aussi de hausse des salaires :
• 76 % des sondé·es sont prêt·es à se mobiliser collectivement pour gagner une une augmentation de leur salaire. 40 % en se syndiquant.